• Rien ni personne...

     

     

    J'ai froid, je ne peux plus bouger, je ne me sens plus la force d'avancer de nouveau.

    Je sais que cela peut être passager.

    Que l'envie reviendra sûrement. 

    Mais là je me le demande.

    Tout s'effondre encore. Rien n'avance. Ce que je cherche à construire n'a plus d'intérêt.

    On me dis que j'ai de l'or dans les mains mais cela ne me sert à rien.

    Mes costumes tout le monde les trouve très beaux mais personne ne les achète.

    Mon écriture est loin d'être parfaite et je suis incapable d'achever une simple nouvelle. Alors un roman...

    La réalisation s'avère catastrophique et loin d'être sérieuse ou suffisamment professionnelle pour avoir la prétention de poursuivre dans cette voie.

    Les échappatoires que je me fixais pour m'évader un beau jour de ma profession initiale et réaliser mon vieux rêve de partir et d'être libre d'exercer ma profession n'importe où s'avère impensable.

    Mes idées restent des idées. La plupart ne se concrétisent jamais ou me sont prises par ceux qui ont les moyens de les réaliser. Quant aux autres elles se trouvent être sans intérêt.

    Elles ne ressemblent pas à ce que j'espère ou bien elles ne sont tout simplement pas réussis.

    J'en ai pris conscience aujourd'hui. Je me suis rendu compte que quelque chose m'échappait mais à juste titre. Je m'attendais au couperet d'une critique totalement fondée, et du coup d'autant plus douloureuse.

    Mon idée greffée sur une autre bien meilleur qui ne m'appartenait pas est devenue foireuse, non aboutie, pas à la hauteur, sans valeur, sans esthétisme, voir inintéressante et même glauque.

    En dehors de la frustration d'avoir travaillé pour rien cette critique redoutée car devinée d'avance m'a fait apparaître le reste de mes actions et créations comme une évidence.

    Rien ne marche.

    Rien de ce que je crée. 

    J'entends d'ici les bonnes âmes et amis, que je remercie au passage, et qui vont me rabâcher que c'est bien d'essayer, que faire et défaire c'est toujours travailler, que l'essentiel est d'avancer même à travers des échecs, que je raconte des bêtises parce que j'ai de l'or dans les mains et des idées plein la tête.

    Mais je n'y crois plus. Les idées restent des idées. Et l'or me glisse des doigts pour retomber comme de la poussière. Où est le talent si je n'en retire pas un tout petit bout de gloire, ou un infime morceau de reconnaissance?

    Je ne demande pas la Lune. Juste de quoi vivre un jour de ce que je crée. Beaucoup me disent que le principal est que je me fasse plaisir. Mais suis-je trop insatiable ou méchamment et éternellement insatisfaite? Cela ne me suffit pas.

    Comment m'échapper, si ce sur quoi je compte en parallèle de mon travail, si mes passions multiples ne portent pas un minimum leurs fruits?

    Mes costumes sont magnifiques, oui, je sais merveilleux. Des finitions hors pair, du bel ouvrage. Mais personne n'en a vraiment besoin. C'est très joli mais c'est trop cher et personne n'achète ça ma petite dame!

    J'écris bien? Oh oui, on est vraiment dans l'histoire quand on lis les derniers chapitres de ma nouvelle mais je ne parviens pas à la finir et l'envie d'écrire et l'acharnement, la passion des histoires me quitte peu à peu parce que je n'y crois plus et ne trouve plus la force de poursuivre l'aventure.

    Monter un jour sur scène, bien sûr, tellement envie mais ai-je vraiment des choses à dire, tant de choses à raconter. On se posais la question il n'y a pas si longtemps. Pourquoi ma petite soeur n'irait pas seule? Après tout elle en parle dix fois mieux et plus que moi.

    Pourquoi le silence me prends, pourquoi n'ai-je plus d'idées?

    J'aimerai chanter mais j'ai renoncé parce que ma voix n'est pas satisfaisante.

    J'aimerai jouer d'un instrument mais j'ignore si j'aurai la persévérance.

    Quant à la réalisation finalement je remet cela entre les mains des autres. Parce que je m'aperçois que dans ce domaine également je me trouve médiocre. Mes idées ne sont ni bonnes, ni sérieuses, ni professionnelles. 

    Même en cadrage j'ai perdu mes facultés, mes compétences, mon instinct de réaliser une belle image qui raconte quelque chose.

    Et pour tout le reste c'est bien pareil.

    A quoi sert l'imagination ou l'envie si elles ne mènent à rien. A me faire plaisir? oui mais encore une fois ce n'est pas suffisant.

    J'ai de l'amour à revendre, ça oui. Et ça ne changera pas mais malgré tout je n'ai plus envie d'entendre pour autant les ami(e)s, les proches me dirent que j'ai tord, ou tenter de m'encourager.

    Je n'y crois plus, c'est peine perdue.

    Ma prise de conscience aujourd'hui s'est passé en pleine  journée de travail, dehors sur un trottoir pendant des duplex pour LCI.

    Et j'ai versé les premières larmes de la journée qui ne se sont plus arrêtées depuis en me disant que voilà, c'était ça ma vie même si je n'en voulais pas. Que la seule chose que je savais faire encore correctement c'était cela. Mettre une caméra sur un pied, allumer une lumière et tirer des câbles dans le caniveau. Technicienne! Larbin en d'autres termes, pour journalistes et invités en tous genres.

    Un collègue m'a dit récemment ces mots qui m'ont poignardée en plein coeur parce que je n'imaginais pas qu'il m'observait à ce point ou encore que mon état ou mon humeur était si visibles et transparents, en tous cas à ses yeux.

    Il m'a dit : "Tu sais, on voit bien que cette vie ne te plait pas. Cela se sens. Dans tes yeux. Le regard que tu portes sur ton environnement, ici au travail, sur la ville, les immeubles, tout ça... Ton regard est triste quand tu observe tout ça autour de toi. On vois bien que tu n'y es pas heureuse. Que tu n'est pas faite pour ce monde."

    Mon regard est triste. 

    Ces mots ont été comme un déclic. Mais un déclic de plus qui me pousserait à partir et pourtant, cela me semble juste ajouter des barreaux à la cage qui se referme sur moi.

    Ce soir je suis rentré chez moi et j'ai pleuré sans plus savoir pourquoi, j'ai essayé de laisser couler, de me laisser traverser par ces émotions. J'ai passé Facebook au noir, clôturé mon profil sur un site de rencontres, j'ai failli jeter mes costumes et supprimer la plupart de mes blogs.

    Et puis j'ai appelé au secours malgré tout... Même si au départ je ne voulais pas le faire et rester seule chez moi à bader jusqu'au matin histoire de tout faire sortir mais ça ne pouvait pas durer.

    Et l'on est venu me chercher. Il était temps. Même si mon état ne s'améliore pas, je suis plus calme. 

    Je sais que des choses m'échappent, que je suis frustrée qu'elles passent en d'autres mains et surtout désespérée de ne plus me sentir de la partie parce que ce que j'ai fais et les idées que j'ai eu ne convenaient pas. Je suis contente que les choses avancent malgré tout, mais si triste qu'elles se fassent sans moi. Et force est de constater que les bonnes idées ne viennent pas de moi.

    Je ne pense pas faire d'amalgame en me disant que c'est bien la même chose pour tout ce que j'entreprends, puisque rien n'aboutit.

    Oui c'est bien je suis multitâches mais aucune tâche n'est achevée alors à quoi bon?

    Alors oui ce soir, cette nuit, je me lamente, c'est tout ce qu'il me reste et pour le moment cela me fais du bien, ou du moins cela me permet d'évacuer ce trop plein de larmes qui ne veut plus se tarir. Peut-être changerais-je d'avis demain, dans une semaine, un mois ou jamais.

    Ce soir je ne crois plus en moi. Demain j'aurais peut-être la force de me lever mais pas beaucoup plus. Pour faire quoi? Nous verrons.

    Quelques travaux chez moi?

    Chez moi... ce petit lieu dont je tente de faire un cocon, un refuge mais que je fuis perpétuellement, que je ne parviens pas à construire, ou je me sens encore et toujours de passage seulement, en transit. Vers où? Je l'ignore. Pourtant j'ai de la chance d'avoir trouvé cet endroit mais je ne parviens pas à m'y poser. Quelle force me pousse vers l'extérieur sans cesse?

    Moi qui n'est jamais connu la véritable sécurité d'un foyer stable, l'encrage solide d'un lieu de vie, de famille, je pensais qu'il fallait que j'apprenne à le construire moi même, à le créer, l'inventer. Mais même là je n'en suis pas capable.

    Je ne suis ni apaisée ni détendue. Mais peut-être que lorsqu'on n'a pas connu le repos de l'âme et du corps dans un foyer stable, on est voué à ne jamais le connaître et avoir au contraire toujours la bougeotte. 

    Est-ce une fuite perpétuelle? Une fuite de soi même?

    Une manière de se perdre sans en avoir l'air?

    J'ai toujours trouvé tellement de raisons de ne pas m'occuper de moi... (sourire).

    Oui, m'occuper des autres je sais faire. C'est peut-être cela que je fais le mieux, peut-être ce seul domaine dans lequel je réussi. C'est à creuser!

    Si j'inspire les autres, tant mieux. Cela ne me rapporte rien au final mais pourquoi pas. C'est toujours ça de pris. Ce n'est pas désagréable. 

    J'arrive au bout de mes réflexions nocturnes et ma douleur est toujours identique, fidèle à elle même mais je vais tout de même tenter de trouver un peu le sommeil.

    Je me sens vidée, épuisée, comme si j'avais perdu quelqu'un.

    Je pense à ma grand-mère. Je l'appelle doucement me demandant ce qu'elle m'aurait dit, elle.

    Et puis là tout de suite je voudrais être sous mon Chêne, ou encore sur les rochers au milieu des vagues. L'un ou l'autre. Qu'importe, un lieu qui me rassure, un endroit où rien ne m'atteint.

    Des endroits qui me parlent. Des lieux où je peux être moi. Pleine et entière.

    Au coeur des éléments. Besoin de tempêtes et de pleine Lune. 

    Besoin de vent en rafales pour emporter mes colères et mes cris de douleurs, besoin de pluies sur mon visage pour emporter mes larmes dans une autre tourmente et calmer mes peines, m'y laver, m'y purifier. Besoin de Soleil pour apaiser les chagrins et me faire sourire et réveiller la flamme dans mon coeur meurtris, besoin de terre, de sable sous mes pieds nus. Y danser et la sentir s'ancrer sous mes pas. Besoin de sentir les pierres me parler de leur histoire, sentir résonner le tonnerre, m'émerveiller sous les rayons de la Lune, vivre les cycles des saisons, voir la Nature changer, vivre à chaque instant autour de moi. Apprendre d'elle, rester humble.

    Mais tout cela je le sais aussi, ne dure qu'un temps. Il faut tôt ou tard revenir au réel, à la vie citadine, au travail, au ciel blanc plombé et sans mouvement, au bitume, au béton, à cet univers que je regarde apparemment sans joie ni sourire. Les pavés eux ne résonnent plus depuis longtemps. Les arbres de la ville ne parlent pas ou peu, les étoiles ont disparu ici, tout comme les fées et les lutins, les rêves et les espoirs.

    Dois-je me résigner au milieu de tous ces gens qui ne regardent plus le ciel? 

    Ce n'est pas mon genre, mais pour le moment je vais tenter de reprendre des forces et un jour peut-être je me réveillerai de nouveau. Pour le moment, j'ai juste envie de disparaitre. De ne plus exister pour quelques temps, parce que je me sens n'être rien, ni personne.

    Et pour le moment cela me va, puisque cela m'apparait comme une vérité indétrônable.

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 20 Octobre 2015 à 13:44

    Il y a des jours sans comme tu le disais, des jours où la noirceur nous envahit, les doutes, les peurs... Elles passent sur nous avec leurs rouleaux comprésseurs. Mais elles ne font que passer, après il reste "notre corps "mertrie, abimé, cere mais bel et bien là. Et comme tu le dis il y aura d'autres jours, d'autres états, des états meilleurs, des états pires.

    Dans tous les cas: respire, pose tes deux pieds au sol et prend une grande inspiration et une grande expiration. Tu existes.

    Je t'embrasse fort

     

     

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